Ce dimanche 28 septembre nous étions plus de 1000 à marcher de la place Jean-Macé vers la place du 8 mai 1945 à l'appel international du mouvement Draw The Line, pour le Climat, la Justice et nos Libertés.
Nous partageons ici le texte de la prise de parole unitaire.
Lyon -28 sept 2025
Chers ami·es, camarades, chèr·es sœurs et frères en humanité !
Merci d’avoir répondu à l’appel des peuples autochtones d’Amérique Latine et du Pacifique qui nous invitaient à nous lever partout dans le monde pour fixer les limites que les décideurs politiques ne veulent pas voir, et encore moins respecter.
Je vais vous partager un texte unititaire pour les organisations qui ont co-organisé cette marche: les amis de la terre Rhône, Action Justice Climat Lyon, Collectif droit des Femmes 69, Greenpeace Lyon, lutte et contemplation, Masse Critique, le Mouvement Kanak en France, Nous Toutes Rhône et XR Lyon.
On peut deja les applaudir pour le travail de mobilisation!
Aujourd’hui, nous sommes des millions : à Lyon, à Paris, à São Paulo, à Johannesburg, à Nairobi. Partout, nous nous sommes levés, nous avons marché, crié, chanté, résisté. Et si nous le faisons, c’est pour une chose simple et fondamentale : construire un monde juste et respirable.
Merci pour ça !
1. Si on s’est levé aujourd’hui, c’est pour dénoncer.
· Dénoncer les choix des décideurs qui font toujours passer leurs profits avant nos vies : la loi Duplomb en est un exemple flagrant.
· Dénoncer l’inaction politique qui nous mène droit dans le mur. Les 1,5 °C ont été dépassés, et ce n’est pas une donnée abstraite : c’est nos vies, nos écosystèmes, nos enfants, qui sont en jeu.
Dénoncer la collaboration militaire, diplomatique, économique des Etats impérialistes occidentaux, à commencer par la France, avec l'Etat colonial d'Israël.
· Dénoncer le fonctionnement d’un monde qui hiérarchise les vies humaines, qui considère que certaines peuvent être sacrifiées pour que d’autres puissent jouir sans limite : pensons à l’empoisonnement au chlordécone dans les Antilles, à l’extractivisme meurtrier au Congo, à la présence "stratégique" de la France dans le Pacifique construit sur la dépossession des Kanak.
· Dénoncer la priorité donnée à la guerre et à l’armement quand nos services publics suffoquent, quand nos hôpitaux manquent de lits, quand nos écoles manquent de profs, quand l'Aide Sociale à l'Enfance est à l'abandon.
Nous dénonçons aussi l’émergence d’un techno-fascisme qui met la technologie au service de la surveillance, du contrôle et de la répression. Des multinationales du numérique aux médias réactionnaires, en passant par les politiques sécuritaires, ce système nourrit l’extrême droite, alimente le racisme et cherche à bâillonner toute contestation.
Ce techno-fascisme s’appuie aussi sur la mainmise des milliardaires sur les médias, qui contrôlent le récit public et imposent leur agenda raciste, sexiste, autoritaire et ultralibéral. Leur pouvoir d’influence n’est pas neutre : il fabrique l’opinion, invisibilise les luttes sociales et écologiques, et prépare le terrain à l’extrême droite.
· Dénoncer la répression et la violence d’État qui frappent d’abord les personnes racisées, les quartiers populaires, et qui s’étendent aujourd’hui aux activistes climat et à de larges franges de la société civile.
Et nous n’oublions pas :
· Le 49.3 utilisé à répétition pour imposer la réforme des retraites contre la volonté du peuple.
· La dissolution de plusieurs associations antiracistes, antifascistes, pro-palestiniennes ou musulmanes — (CCIF, BarakaCity, le CRI, Collectif Palestine Vaincra, Comité Action Palestine, la GALE, La jeune Garde…) — pour faire taire la contestation.
· Le meurtre de Nahel MERZOUK à Nanterre et la répression brutale des révoltes populaires qui ont suivi.
· La loi “sécurité globale”, qui voulait interdire de filmer la police et légaliser la surveillance de masse.
· Les mutilations et violences policières contre les Gilets Jaunes, contre les écologistes, contre les grévistes, contre les quartiers populaires.
· Le mépris affiché face à la Convention citoyenne pour le climat, dont les propositions ont été vidées de leur sens.
· Les expulsions de sans-papiers et l’augmentation de la répression contre les migrant·es, alors qu’ils et elles font tourner notre économie dans les boulots les plus pénibles et dangereux.
- Dénoncer l'abandon des femmes victimes de violences, ignorées par les institutions censées les protéger, avec pour conséquence les féminicides,
· La répression des soutiens à la Palestine, avec des interdictions de manifester,
des arrestations arbitraires, des intimidations.
· Le budget de l’armée qui explose — 61 milliards d’euros — pendant que nos hôpitaux et nos écoles s’effondrent.
· Les cadeaux fiscaux aux ultra-riches — suppression de l’ISF, flat tax — pendant que la dette publique sert de prétexte pour détruire nos services publics.
On oublie pas. On pardonne pas!
2. Si on s’est levé aujourd’hui, c’est aussi pour rappeler.
· Rappeler que les crises climatiques, les inondations, les incendies, ne sont plus des risques hypothétiques. Ils sont déjà là, ils frappent, et de plus en plus fort. Chez nous, mais surtout ailleurs, dans les pays du Sud, où ils détruisent des vies et des écosystèmes entiers.
· Rappeler que le capitalisme et l’extractivisme prennent racine dans une idéologie raciste, qui hiérarchise les vies, qui décide quelles vies peuvent être sacrifiées. Et dans une idéologie sexiste, qui croit pouvoir disposer des terres comme des corps des femmes. Tant que nous ne luttons pas contre ces oppressions systémiques, nous ne traiterons jamais les enjeux climatiques de manière radicale et juste.
Et nous savons aussi que cette même logique de domination s’exerce sur les autres êtres vivants : l’exploitation animale, comme l’exploitation des humains et de la nature, n’est pas une fatalité mais un choix politique et économique qu’il nous appartient de combattre.
· Rappeler que les solutions ne pourront pas être trouvées par une poignée d’experts dans un bureau parisien ou bruxellois. Elles viendront seulement si toutes les voix comptent, si toutes les populations concernées sont entendues. Y compris, et surtout, les minorisé·es, les silencié·es, celles et ceux qui n’ont jamais eu droit au micro. Parce que nos destins sont liés.
3. Et si on s’est levé aujourd’hui, c’est enfin pour exiger.
Exiger pour le climat :
· La fin de l’empoisonnement. L’abrogation de la loi Duplomb. Un vrai plan national Chlordécone : dépistage massif, prise en charge des soins, indemnisations des victimes, reconversion agricole, dépollution des sols. Et que ce soit financé par l’État.
· Un avenir énergétique sobre, juste et efficace. La sortie des énergies fossiles et des logiques d’exploitation. Une trajectoire réellement compatible avec les 1,5 °C.
· Une protection renforcée des travailleur·ses et des populations pour faire face aux chocs climatiques déjà là.
Exiger pour la justice :
· La fin de la colonisation et la libération de la Palestine
· La reprise du processus de décolonisation de la Kanaky, à commencer par l'abandon du projet Bougival.
· La protection des populations du Sud, les moins responsables du désastre climatique et pourtant les premières sacrifiées.
Et chez nous :
· Des conditions de vie dignes et des logements décents pour toutes et tous.
· Des salaires décents pour les travailleur·ses, les paysan·nes.
· Une alimentation de qualité pour toutes et tous.
· Un système fiscal équitable, qui finance vraiment nos services publics et une transition écologique réelle. Suppression des niches fiscales injustifiées. Création de recettes nouvelles.
· L’abrogation de la réforme des retraites.
· La lutte active contre les violences policières et carcérales.
Et surtout : la liberté
Nous exigeons la liberté.
La liberté de choisir les orientations politiques et les personnes qui doivent les mettre en oeuvre, et que notre vote compte et soit respecté
La liberté de manifester, de parler, de s’organiser, sans craindre la répression.
La liberté de circuler sans contrôles discriminatoires, sans subir de violences sexistes et sexuelles.
La liberté de croire, de pratiquer, sans risquer exclusion ni persécution.
La liberté de respirer un air sain, de se nourrir sans s’empoisonner, et à des prix accessibles.
La liberté de vivre dignement, simplement.
Notre combat ne s’arrête pas là.
Nous resterons mobilisé·es :
· Dans la rue, dans les grèves et blocages qui se poursuivront dès la semaine prochaine contre l’austérité et le génocide en Palestine
· Dans les mobilisations autour de la Cop 30,
· À l’anniversaire des accords de Paris,
· Aux municipales, aux régionales, aux présidentielles.
À moins qu’on mette assez de pression, qu’on soit assez nombreux, assez puissants pour que Macron dégage dès demain !
Oui on veut qu’il dégage ! Mais surtout, nous voulons que son monde s’effondre, que le système qu’il incarne tombe : le capitalisme, le colonialisme, le patriarcat.
Et que de nos luttes, naisse un monde respirable, vivable, désirable !